Un petit air de Bretagne dans les Catlins
Concernant les rencontres avec les animaux sauvages, si la Péninsule d’Otago était une entrée, alors les Catlins sont le plat principal. Dans cette région sauvage et peu peuplée, tout au sud de la Nouvelle-Zélande, les lions de mer, phoques, dauphins et manchots sont rois (pour ne citer qu’eux !). Suivez-nous le long de cette route côtière souvent oubliée des circuits touristiques !
Les Catlins, c’est une région entre Dunedin et Invercargill, à cheval entre Otago et Southland. Elle n’est pas très étendue mais, si le temps le permet, les arrêts pour observer la faune peuvent être nombreux et considérablement rallonger le temps de parcours… Il faut dire que la route sinueuse, parfois non goudronnée, n’aide pas !
On y est passé deux fois : une première en décembre 2017 et une deuxième en février 2018, avec mes parents. Et, les deux fois, nous n’avons pas été très chanceux avec le temps ! Il faut dire que, comme la West Coast, c’est une région très arrosée… Mais cela ne nous a pas empêché de faire de belles rencontres !
De Dunedin à Curio Bay, 200 km
Depuis Dunedin, la route est facile à suivre : il suffit de suivre la côte vers l’ouest ! Après une pause douche à la piscine de Balclutha (où on ne nous aura même pas fait payer, merci les gentilles dames), nous arrivons à Nugget Point (obligé de penser à MacDo !). Une petite marche de 15min permet de se rendre au phare qui surplombe les fameux nuggets, de petits rochers à la pointe. Le vent souffle. La mer est d’une couleur différente d’un côté ou de l’autre de la pointe… Les phoques s’ébattent en contrebas, jouant au milieu des algues. C’est un paysage apaisant et très joli ! Et vous ne trouvez pas que ça a un air de Pointe du Raz, en Bretagne ?!
Juste après Nugget Point, nous nous arrêtons à Roaring Bay. Nous espérons, sans trop d’espoir, apercevoir des manchots antipodes, ou manchots à œil jaune (« yellow-eyed penguins »). Très facilement reconnaissable grâce à leur bandeau jaune allant d’un œil à l’autre, ce sont les manchots les plus rares du monde ! Ils ne vivent que dans le sud de la Nouvelle-Zélande et sont extrêmement peureux, ce qui n’aide pas à les voir… Ils vivent en couple, passant leur journée en mer à pêcher et reviennent le soir au nid (dans les taillis) pour nourrir leurs petits, normalement au nombre de 2.
Une vingtaine de couples nichent à Roaring Bay. Nous sommes début décembre : c’est la période du nourrissage des petits nés quelques jours auparavant. En théorie, les manchots sont donc surtout visibles après 15-16h, avec un peu d’activité dans la journée. Il est 13h : nous avons bien peu d’espoir !
Nous descendons donc le sentier, jusqu’à l’abri permettant d’observer les manchots en toute discrétion. Le vent souffle fort, faisant honneur au nom de la plage ! Ce n’est pas un hasard car, niveau latitudes, nous sommes en plein dans les « roaring forties », les quarantièmes rugissants !
Une fois dans l’abri, protégés du vent, nous commençons à lire les panneaux pour en apprendre plus sur ces manchots. Nous nous postons ensuite devant les ouvertures, fixant la plage désespérant vide… Nous sommes seuls. Tout d’un coup, on sursaute « tiens, là, c’est pas un manchot qui arrive ???! »
Au comble de l’excitation, on ressemble à deux gosses découvrant un cadeau de Noël ! Pas de doute, c’est bien un manchot qui se redresse et commence à sortir de l’eau, à une centaine de mètres de nous !
Mais il fait vite demi-tour et repart vers la mer… Mince ! C’est un mauvais signe, ça veut dire qu’il a été effrayé. Un groupe de touristes s’approche en effet et ils ne sont pas particulièrement silencieux… Grrrr ! C’est très mauvais pour les manchots ! Car, un manchot qui retourne en mer, c’est un manchot qui va continuer à digérer la nourriture destinée à ses poussins. Et, plus le temps passe, moins il y a de nourriture pour ses petits !
Heureusement, il revient bien vite… Ainsi qu’un deuxième ! On n’en croit pas nos yeux. 5 minutes plus tard, alors qu’ils sont arrêtés sur la plage pour se sécher, je repère un autre manchot de l’autre côté de la plage… puis un quatrième arrive à nouveau ! Un vrai défilé !
Alors que les deux premiers disparaissent clopin-clopant dans les fourrés, vers leurs nids, deux autres manchots arrivent, l’un après l’autre. Waouh ! C’est dingue ! Il est 14h30 et, en 45min, nous aurons vu pas moins de 6 manchots antipodes ! C’est totalement fou et surtout inespéré !! Et, quand on ne s’y attend pas, ce genre de rencontre a encore plus de valeur.
Nous ne les aurons pas vus de très près (une centaine de mètres, mieux vaut avoir un bon zoom et des jumelles) mais nous les apercevions distinctement. Nos premiers manchots sauvages depuis l’Argentine !! Et je ne sais pas pour vous, mais nous on adore vraiment les manchots ! Ils sont si gauches mais tellement mignons quand ils marchent, tombent sur les rochers, se relèvent…
Nous quittons Roaring Bay à contrecœur, sous les cris des premiers manchots atteignant leur nid et appelant leurs partenaires et petits. Trop chou ! On est sur un petit nuage !
En février, nous sommes évidemment repassés à Nugget Point et Roaring Bay avec mes parents. Une volontaire était présente dans l’abri pour comptabiliser les manchots et renseigner les visiteurs, bien plus nombreux (et les surveiller en même temps pour s’assurer qu’ils n’aillent pas sur la plage). Un manchot antipode était présent sur la plage, sans bouger, en début de mue (rappelez-vous le dernier article). En 30-45 minutes, nous en avons vu 3 autres sortir de l’eau et remonter dans les fourrés. Il était alors 15h. Roaring Bay semble donc être un top spot pour observer les yellow-eyed penguins !!
Nous nous arrêtons ensuite à Papatoai, au Lost Gypsy, une galerie/musée d’un style indéfinissable, complètement fou. Dans un ancien bus, un artiste touche-à-tout a créé plein de petits objets animés. On retourne véritablement en enfance ! On appuie, on fait tourner, on actionne sans savoir ce qui va se passer… Et c’est toujours génial ! Ça s’anime, ça s’allume, ça fait du bruit… Le tout avec beaucoup d’humour. Et c’est gratuit ! (enfin, c’est sympa de laisser une donation pour soutenir l’artiste, qui est là pour répondre aux questions)
Il y a aussi un théâtre des bizarreries (5$), qui est apparemment encore plus fou ! Malheureusement, il est quasiment 17h et il va fermer. Nous décidons donc d’y revenir avec mes parents… Mais, en février, nous y sommes passés après 17h. Mes parents n’ont donc pas pu visiter cet endroit incroyable. Si vous passez dans le coin, ne manquez surtout pas l’arrêt !
En quittant le Lost Gypsy à 17h, nous arrivons à Curio Bay au bon moment pour avoir une belle lumière. C’est la marée basse : le meilleur moment pour observer la forêt pétrifiée, qui est en fait une forêt fossilisée. On adore ! Il y a 180 millions d’année, une forêt dense recouvrait cette lande de terre. Mais suite à une éruption volcanique, toute la forêt a été recouverte de boue volcanique. Les troncs et souches se sont progressivement transformés en pierre.
Aujourd’hui, on peut parfaitement reconnaître les troncs et souches. Ils ont l’air totalement réel avec leurs stries et nervures : l’illusion est parfaite ! On ne s’attendait pas à des fossiles si bien conservés !
Et, cerise sur le gâteau, des yellow-eyed penguins nichent aussi sur cette plage. Ils sont bien plus habitués aux humains donc nous n’avons pas besoin de nous cacher. Nous sommes une dizaine et un ranger nous garde à une bonne distance de leur lieu de passage. Nous attendons, sans résultat.
Mais, alors que je regarde derrière nous, je vois une forme blanche au loin, contre la falaise… Est-ce que ça ne serait pas un manchot ?! Je zoom : pas de doute, c’en est bien un !
Une dizaine de minutes plus tard, un autre manchot sort de l’eau et traverse la forêt pétrifiée, à une centaine de mètres de nous. Il est vraiment touchant mais drôle, à trébucher sans arrêt sur les pierres… Il aurait pu choisir une plage plus facile d’accès !
Avec toutes ces aventures, il est déjà l’heure de l’apéro. Nous allons donc nous installer à notre freecamp pour la nuit, à 5km de là. Encore une belle journée en Nouvelle-Zélande ! Le road-trip dans les Catlins commence bien !!
Avec mes parents, nous avons également observé 2 manchots qui traversaient la forêt pétrifiée, vers 18h. Cette fois-ci, il y avait beaucoup plus de monde à les observer, le long de la corde tendue par le ranger… Le meilleur point de vue pour les voir est de toute manière celui situé en hauteur, en haut de la falaise.
Nous avons ensuite dormi au camping de Curio Bay, très agréable et super bien placé, à quelques mètres de la forêt pétrifiée et de la baie aux dauphins. Par contre, en janvier-février, mieux vaut arriver tôt si on veut un emplacement plat (et encore plus tôt pour avoir la vue sur la mer) !
De Curio Bay à Colac Bay, 190 km
Le lendemain matin, il pleut à verse. Typique des Catlins. C’est loupé pour notre baignade avec les dauphins !! Car Curio Bay est très célèbre pour sa colonie résidente de dauphins d’Hector. Ces dauphins, les plus petits du monde, ne vivent qu’en Nouvelle-Zélande et font partie des espèces en danger. Nous espérions beaucoup nager avec les dauphins d’Hector dans l’eau froide de Curio Bay mais ce n’est pas pour aujourd’hui…
En repassant avec mes parents, le temps était très nuageux et menaçant… Pas de chance ! En nous baladant sur la plage, nous avions pu apercevoir quelques nageoires dorsales de dauphins jouant dans les vagues, mais le temps était trop froid pour se mettre à l’eau sans combinaison… Une rencontre loupée donc ! Mais, en consolation, nous avons pu observer les cormorans de bien près. Admirez la souplesse de leur cou !
Toujours sous la pluie, nous reprenons la route vers le phare de Waipapa Point. Nous avons choisi de suivre la côte au plus près : la route se rétrécit, jusqu’à devenir une gravel road, une route non goudronnée. C’est maintenant le déluge, on n’y voit pas à 50m : Toni est ravi de conduire dans ces conditions !!
Heureusement, la pluie se calme quand on arrive à Waipapa Point. Nous nous promenons sous la bruine, autour du phare, tranquillement. Un énorme lion de mer joue dans les vagues, s’échouant sur la rive puis faisant brusquement volte-face vers la mer. Normal. On ne verrait pas ça en Bretagne !
Nous nous dirigeons ensuite vers Invercargill, toujours sous la pluie. Nous allons manger au sommet de Bluff Hill, la colline la plus au sud de l’île du Sud. La vue sur la péninsule est chouette mais les rafales de vent sont bien violentes !
Le ciel se dégage miraculeusement donc nous rendons à Stirling Point, le point le plus au sud de la Nouvelle-Zélande (sans compter Stewart Island, encore plus bas). Après avoir atteint le cap Reinga, tout au nord, au début de notre aventure en NZ, nous voilà quelques milliers de kilomètres plus bas, à l’opposé !
Le mauvais temps revenant, nous passons l’après-midi à la bibliothèque d’Invercargill, ville moche et sans charme selon nous.
Après cette journée pluvieuse, il ne reste plus qu’à mettre le cap sur Colac Bay campsite, où nous trouvons un super emplacement face à la mer, avec des toilettes tout proches… Seul point noir : notre pêche à la moule aura été infructueuse pour le diner ! Aaaah, les road-trips en Nouvelle-Zélande, c’est quand même le top…
Le lendemain, nous nous rendons à Monkey Island, la mal-nommée car elle n’accueille aucun singe ! C’est juste une jolie accessible à marée basse… Mais la marée est trop haute pour y aller, donc nous ne restons pas longtemps.
Puis nous prenons la route vers la région du Fjordland, une étape que l’on attend depuis très longtemps, avec le mythique Milford Sound en ligne de mire !
Bilan : les Catlins, c’est vraiment chouette ! Ça vaut la peine de s’y attarder une journée entre Dunedin et Milford Sound. Cette région a véritablement un petit air de Bretagne, avec sa côte tourmentée et son temps pluvieux… Nous on adore !
Un PVT, ou simplement un voyage en Nouvelle-Zélande en préparation ? Retrouvez tous les articles de notre blog voyage sur la Nouvelle-Zélande, le « pays du long nuage blanc » ! Voici ceux concernant l’île du Sud en particulier :
- Deux jours sur la Queen Charlotte Track
- La randonnée Abel Tasman en 4 jours
- La West Coast sous le soleil
- Arthur’s Pass et ses randonnées magiques
- S’envoyer en l’air dans le Canterbury
- Belles découvertes et petites déceptions dans la région des Glaciers
- Dunedin et la Péninsule d’Otago
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- Fiordland et Milford Sound, superbe étape