Le Tour des Annapurna, jours 1 à 7
Après notre article de conseils pour faire le Tour des Annapurna, place au récit de cette superbe randonnée ! Nous avons passé 12 jours à marcher, de Besisahar à Jomsom. Voici le récit de la première semaine, jusqu’à Braka.
Jour 1 : Pokhara – Besisahar en bus (5h30). Besisahar (820m) – Ngadi Lamjung (890m), 10km
Nous prenons le bus à 6h30 depuis le Tourist Bus Park de Pokhara. Nous avions acheté les billets la veille, en achetant nos permis de trek. Pour un même siège, le prix des billets varie du simple au double : de 400rs à la gare routière à 700-800rs dans les agences de Lakeside…
Un conseil : réservez vos sièges dès l’arrivée à la gare routière, vers 6h10-15. Car ils vendent bien plus de tickets que de sièges et, si vous montez trop tard, vous ferez les 6h de bus debout, comme une bonne partie des trekkeurs ce jour-là. A savoir, le bus n’est absolument pas un bus touristique, comme beaucoup d’agences le vendent… Et il s’arrête dès qu’il voit quelqu’un sur le bord de la route, même s’il est déjà plein à craquer !!
Nous arrivons vers 11h45 à Besisahar, point de départ officiel du Tour des Annapurna. Toni court retirer de l’argent à la Nabil Bank (dernier distributeur avant Jomsom) pendant que je commande à manger. Dernier repas à prix « normal » ! Car, après Besisahar, tout double littéralement…
Nous démarrons sous une pluie fine, qui heureusement ne dure pas. Ouf ! Depuis la gare de bus, nous prenons la passerelle à droite vers la montagne. Un sentier ouvert 2 ans auparavant permet de marcher jusqu’à Ngadi en évitant la route. Parfait !
Cette première demi-journée n’est pas facile : nos sacs nous paraissent lourds (une dizaine de kg chacun), il fait très, très chaud et ça monte et ça descend en permanence ! Ça commence fort ! Les paysages sont superbes, avec des champs « en rizière » et des petits hameaux tout mignons.
Mais les enfants criant « Give me sweets ! » « Chocolates ! » dès qu’ils nous aperçoivent cassent vite la sérénité des lieux… C’est triste !
Après 2 petites heures de marche, on arrive à Khudi, le premier village. On traverse la rivière sur une passerelle de bois totalement vermoulu… Pas très rassurant ! On se passerait bien d’un plongeon dans le ruisseau en-dessous dès le premier jour… Nous rencontrons les premiers autres randonneurs : un américain et une hollandaise, avec qui nous continuons.
Nous allons jusqu’à Bhulbhule, où nous avons prévu de nous arrêter. Un homme très sympathique nous propose de venir dormir dans sa guesthouse, un peu plus loin : on le suit tous. Après 2km supplémentaires, nous arrivons à Riverside Guesthouse, très sympathique au bord de la rivière. On a un beau petit bungalow, tout neuf. La douche est fraîche, un bonheur après les litres de sueur perdus dans l’après-midi !
Ici, comme partout jusqu’à Jomsom, la nuit est gratuite si on consomme le diner et petit-déjeuner au même endroit : vu les prix de la nourriture, déjà très élevés, on comprend pourquoi !
Jour 2 : Ngadi Lamjung (890m) – Jagat (1300m), 17km
Il pleut pas mal pendant cette première nuit et le temps est bien nuageux au réveil… Mais on commence à apercevoir de hauts sommets enneigés au loin, entre deux nuages. Les Annapurna sont en ligne de mire ! Il n’y a rien de plus motivant pour commencer la journée !
Le propriétaire nous conseille de prendre le sentier, quelques mètres avant sa guesthouse, sur la droite, et, au premier pont, de quitter le marquage rouge et blanc pour suivre le bleu et blanc. Ce chemin alternatif offre en effet de très belles vues sur la campagne et traverse de petits villages où le temps semble s’être arrêté…
Nous arrivons rapidement à Ngadi Khola, sans charme avec son barrage. Le sentier continue ensuite jusqu’à Lampata, que nous trouvons trop mignon. On aurait bien passé la nuit dans la guesthouse du village !! Mais nous avons encore pas mal de kilomètres à faire pour aujourd’hui…
Une bonne montée (et suée…) nous attend pour rejoindre Bahudanda, petit village perché à la vue superbe, d’un côté ou de l’autre de la vallée.
Il est encore un peu tôt pour manger : nous nous arrêterons 3km après, juste après une belle cascade et une petite montée. Mais, au moment de repartir, les gouttes s’invitent aussi sur le chemin… Pas pour longtemps, heureusement !! Ça a le mérite de rafraîchir l’atmosphère, aux températures toujours élevées. Nous sommes plus en forme aujourd’hui, le poids du sac ne se fait plus sentir.
Nous traversons Ghermu, petit village propret aux haies bien taillées. Nous apercevons bientôt une énorme cascade, de l’autre côté de la rivière… Quel débit !!
Entre Syange et Jagat, notre terminus du jour, il y a à peine 4km… Mais ils sont sans fin ! Nous faisons cette partie sur la piste, plus plane que le sentier, et pourtant ça monte et descend bien !! En particulier avant Jagat, où une dernière montée nous coupe bien les jambes…
Jagat est vraiment trop chou, perché sur un promontoire dans une vallée étroite… On adore ce petit village ! Il y a bien longtemps, il était sur la route vers le Tibet et faisait office de poste de contrôle des marchandises qui y transitaient.
Nous faisons ce qui va très vite devenir une habitude : traverser le village à la recherche de l’hôtel avec la meilleure vue ! Nous nous arrêtons à New Level Rooftop Guesthouse, hôtel récent et très coloré avec une terrasse sur le toit. Les montagnes sont pour l’instant couvertes… On passe une bonne soirée avec deux français revenant du Tour du Manaslu, autour d’un excellent dhal bhat, le plat national composé de riz, soupe de lentilles, curry de patates et légumes, toujours servi à volonté.
Jour 3 : Jagat (1300m) – Bagarchhap (2160m), 18km
Le lendemain matin, le ciel est tout bleu !! C’est avec le moral gonflé à bloc que nous partons !! La vallée dans laquelle nous marchions hier est devenue gorge, avec des parois très escarpées. Les lézards bleus s’échappent sous nos pas, dans un paysage bien plus rocailleux. Avec l’altitude, le fond de l’air rafraîchit légèrement et c’est vraiment agréable de marcher. Nous sommes au top de notre forme : à part quelques courbatures, rien à signaler !
Aujourd’hui, les cascades sont partout, dévalant le long des parois. Nous sentons de plus en plus l’influence tibétaine, au fur et à mesure des paysages que nous traversons : stupas (ou chörtens en tibétain) et moulins de prières font leur apparition dans les villages.
A 13h, après une belle montée pour quitter la gorge, nous arrivons à Tal, curieux village au milieu d’un lac asséché il y a quelques milliers d’années. Après avoir englouti un plat de fried noodles, nous repartons sans tarder car le ciel se couvre de plus en plus… Le sentier, à flan de falaise, est sympa, différent de ce qu’on a eu jusqu’à maintenant. Il est malheureusement bientôt fermé à cause d’éboulements. Nous nous retrouvons à marcher sur la piste jusqu’à Dharapani, ce qui n’est pas vraiment un problème car il y a très peu de passage et, au moins, nous n’avons pas vu sur celle-ci !
Nous rencontrons un groupe de chèvres, qui se mettent toutes à nous suivre pendant le dernier kilomètre… Trop drôle ! A l’entrée de Dharapani, nous rencontrons un local, visiblement propriétaire des chèvres et bien content de ne pas avoir à aller les chercher !
A Dharapani, nous faisons tamponner nos permis de trek. Nous souhaitons une bonne année au policier chargé de le faire, visiblement super heureux qu’on y ait pensé « your country is the best country ! ». Et oui, nous sommes passé la nuit précédente en l’an 2076 du calendrier népalais ! C’est une vraie fête dans les grosses villes du pays mais, dans les montagnes, c’est surtout un bon prétexte pour boire plus de bières que d’habitude !
Nous pensions nous arrêter dormir à Dharapani, ville qui est à la confluence de ceux vallées : celle de l’Annapurna et celle du Manaslu. Nous commençons d’ailleurs à apercevoir le Manaslu, qui culmine à 8163m, et l’Annapurna II, à 7937m, entre deux nuages… C’est incroyable d’imaginer que ces sommets sont si hauts !! Il est 15h30, nous sommes en super forme et surtout, nous pensons à demain, où une forte montée est prévue… Nous décidons donc de continuer jusqu’à Bagarchhap, à 2 km de là, ce qui nous fait gagner 200m de dénivelé pour le lendemain.
Là-bas, même stratégie : nous cherchons l’hôtel le plus haut ! Pas difficile, il n’y en a que 3 ou 4 dans ce tout petit village. Nous atterrissons à l’Eco Holiday Home, vieil hôtel propre et plein de charme. S’il fait beau demain, nous aurons une super vue sur les premiers sommets des Annapurna depuis notre chambre…
Jour 4 : Bargarchhap (2160m) – Chame (2710m), 12km
Je me réveille vers 5h et ne peux résister : j’entrouvre le rideau… et vois un ciel totalement dégagé face à nous !! Vite, je sors avec l’appareil pour profiter du lever de soleil sur les montagnes, en réveillant Toni. Peu importe : nous sommes excités comme des puces de pouvoir admirer le Manaslu d’un côté et les contreforts des Annapurna de l’autre !
Nous partons, toujours en super forme et très motivés, vers Timang. Avant ça, nous avons une super montée (+500m) faite de marches irrégulières… L’horreur ! Nos cuisses prennent cher. Mais le panorama est de toute beauté en arrivant à Timang : nous sommes littéralement entourés de sommets enneigés ! Le majestueux Manaslu est toujours visible au loin et, côté Annapurna, nous apercevons le Lamjung Himal, à 6983m.
Après une bonne pause bien méritée, nous repartons vers Thanchok, à 3,5km de là. Le chemin est facile et marcher dans cet environnement est un vrai bonheur. Nous arrivons à Thanchok à 11h30, où nous mangeons des pâtes aux champignons locaux (séchés) avec un français originaire des environs d’Angers, comme moi, et ami avec mon cousin : le monde est tout petit !
Le programme de l’après-midi est tranquille : il ne reste plus que 5km et peu de dénivelé jusqu’à Chame. Le ciel s’est un peu couvert vers 12h30, comme la veille. Après le checkpoint des permis de trek à Koto Qupar, nous traversons une énorme coulée d’avalanche : un mois après, elle fait encore 4 bons mètres d’épaisseur !! A la vue du nombre de troncs d’arbres arrachés, on imagine la puissance de l’avalanche… Ça fait froid dans le dos !
Nous détestons tout de suite Chame : des hôtels construits de manière anarchique absolument partout, une concentration de touristes au m2 beaucoup trop importante, aucun charme. Mais pas le choix, on doit y rester car nous ne savons pas s’il y a un hôtel dans le hameau suivant et nous ne pouvons pas monter trop vite pour s’acclimater peu à peu…
Nous trouvons un premier hôtel, celui qui nous parait avoir la meilleure vue, le Royal Garden Hotel : complet. Nous nous rabattons sur un autre, tout rose. Après avoir demandé s’ils avaient bien de l’eau chaude et de la Wi-Fi (les deux questions obligatoires !) et nous être installé à leur réponse positive, on nous répond qu’il n’y a en fait pas d’eau chaude… Génial, on repart à la recherche d’un autre hôtel, qu’on trouve sans trop de mal en prenant le petit chemin en direction du Eagle Eye Hotel. Je ne me rappelle plus le nom de l’hôtel, récent, sans charme mais propre, très confortable et avec une terrasse sur le toit.
Après la douche chaude et la lessive de nos affaires du jour (notre rituel quotidien), nous partons visiter Chame. Notre avis ne change pas ! Le temps très nuageux n’aide pas. Beaucoup de marcheurs commencent le trek depuis cette ville, ce qui explique la brusque augmentation du nombre de touristes.
Dans la rue, nous croisons un couple de belges rencontrés pile poil un mois auparavant, dans un bus en Inde : on adore ce genre de rencontres, au hasard du voyage !! Eux viennent de faire le tour du Manaslu donc nous n’allons pas nous suivre pendant les prochains jours.
Jour 5 : Chame (2710m) – Upper Pisang (3310m), 14km
Nous nous réveillons à nouveau avec un beau ciel bleu, mais aussi avec quelques nuages nous cachant bien vite les plus hauts sommets… Ce n’est pas grave, hier était tellement beau que nous n’en voulons pas au ciel s’il fait le timide aujourd’hui !
Notre forme est toujours au top : pas d’ampoules, juste quelques courbatures qui disparaissent dès les premiers pas. Je m’auto-impressionne, moi, la sportive du dimanche ! Il faut dire que, par rapport à d’autres treks de 4-5j que nous avons déjà fait (Torres del Paine au Chili, Abel Tasman en NZ…), cette rando est du grand luxe : pas tente ni de nourriture à transporter, du Wi-Fi et une douche chaude tous les soirs !
Nous avançons à un bon rythme sur les premiers kilomètres, quasiment plats jusqu’à Bratang. Nous traversons un petit hameau 2km après Chame : Thaleku. Il y a une guesthouse avec une vue magnifique sur les montagnes : nous aurions dû continuer un peu hier et dormir ici !! Si seulement on avait su…
A Bratang, nous sommes étonnés de découvrir des vergers partout, avec des coulées de neige à quelques mètres : voilà qu’à 2850m, on produit des pommes !! A cette altitude, la végétation est encore très fournie, bien plus que dans les Alpes ou les Pyrénées dans nos souvenirs. Il n’y a d’ailleurs rien d’autre dans ce hameau : une exploitation, un hôtel qui parait chic et des pommiers partout.
Après notre habituelle pause fruits secs-gâteaux, nous continuons vers Dhikur Pokhari. Le chemin, banal jusque là, devient spectaculaire : une gigantesque paroi émerge de la forêt, petit à petit. Nous faisons face à un véritable mur de roche, au sommet enneigé, courbé comme une piste de skate-park géante ! On est vraiment sans voix face à une telle curiosité naturelle !
Cette paroi forme un angle, à la sortie duquel est Dhikur Pokhari. Nous choisissons une terrasse sans personne (histoire de répartir les revenus pour les locaux !) pour mieux l’admirer. Le panorama est vraiment splendide !
Les visages des gens deviennent totalement tibétains à partir de cette région. Le Tibet est d’ailleurs tout proche, à moins de 40 km à vol d’oiseau. La fille des propriétaires du restaurant est trop chou !!
A partir de maintenant, nous allons rester dans la même vallée en ligne droite jusqu’à Manang. Nous poursuivons vers Upper Pisang, à 3,5km de là, où nous voulons passer la nuit. Le chemin est facile mais le temps s’est bien couvert depuis la fin du repas : tous les sommets sont dans les nuages, il commence à pleuvoir… Le paysage devient très minéral, entre le marron des montagnes et le blanc des nuages et de la neige.
A Upper Pisang, que nous atteignons en 45min, nous grimpons le plus possible afin de trouver la meilleure vue possible. Après avoir visité 2-3 hôtels miteux, on trouve notre bonheur juste en dessous du monastère, à l’Hotel Himalayan, chaleureux et avec une vue splendide… Enfin, on l’imagine, car pour le moment le temps a tourné au déluge !
Nous faisons la connaissance de Meeru, sa mère, sa tante et son grand-père de 98 ans. Cette joyeuse famille est très accueillante et donne toute son âme à l’hôtel !
Meeru nous cuisine une délicieuse tarte à la pomme et à la cannelle pour le goûter, puis nous profitons d’une accalmie pour monter au monastère, juste au-dessus. Il est tout proche mais nous sommes bien essoufflés quand nous y arrivons : à 3660m, le moindre effort se fait sentir…
Après un repas au coin du feu avec deux autres voyageurs, nous allons nous coucher tôt, en espérant que la pluie se calme dans la nuit…
Jour 6 : Upper Pisang
Au lever, il fait bien froid, le ciel est très couvert mais le soleil perce quelques nuages… Se découvrira ? Se découvrira pas ?? Nous prions pour la première option ! Après un petit-déjeuner de porridge et muesli à la pomme (et avec nos fruits secs en plus), comme d’habitude, nous nous préparons tranquillement à partir. Alors que nous sommes sur le pas de la porte en train de dire au revoir à la famille… Il se met à pleuvoir !
Nous nous installons alors dans la cuisine, en espérant que ça passe. Mais, au contraire, la pluie ne fait que se renforcer. Nous restons donc dans la cuisine, autour du feu, avec la maman, la tante et le grand-père. Meeru n’étant pas là pour faire la traduction, nous essayons tant bien que mal de communiquer. Leur rire est très communicatif, nous ne nous ennuyons pas !
Sur le feu, le tsampa chauffe. C’est de la farine d’orge grillée qui forme la base de l’alimentation des tibétains. Pour le petit déjeuner, elle chauffe dans l’eau avec une bonne dose de beurre.
A la porte, les deux taureaux de la famille attendent leur petit-dej. Utilisés pour les travaux des champs, ils sont en liberté dans le village pendant la journée (comme tous les animaux au Népal) et viennent deux fois par jour pour réclamer leur repas. De vrais enfants ! Nous assistons même à un combat de taureaux entre un de la famille et un autre attiré par la nourriture… La mère de Meeru se charge de le faire fuir à grand renfort de cris et bouts de bois !
La journée s’étire lentement… Pour la première fois, nous sommes littéralement congelés par le froid et surtout par l’humidité ambiante. Il pleut et neige sans discontinuer. Nous lisons, écrivons et appelons ma famille entre deux coupures de Wi-Fi. Tout le monde veut voir mes parents, c’est trop drôle ! Je lis « Annapurna, Premier 8000 », le livre de Maurice Herzog, premier homme à avoir atteint 8000m et à avoir gravi l’Annapurna, à 8091m, en 1950. C’est génial de lire ce récit dans un tel lieu, face aux Annapurna, en passant dans les endroits dont il parle, près de 70 ans après…
Meeru nous rejoint en fin d’après-midi, au coin du feu. Elle a passé toute la journée à aider une copine dans son champ de patates. Nous parlons un peu plus de nos quotidiens. Elle parle un anglais excellent, ce qui est plutôt surprenant dans ce coin isolé du Népal ! Elle nous explique que, de 9 à 19 ans, elle était à Katmandou, dans une boarding school, un pensionnat. Mais, avec le décès de son père, 6 ans auparavant, elle a dû rentrer à Upper Pisang pour s’occuper des champs car sa mère n’était pas capable de le faire seule. Aujourd’hui, elle vit à l’année à Pisang et dit ne pas regretter Katmandou. Sa sœur et son frère y sont toujours, à étudier, et sa mère passe tout l’hiver en ville. Elle seule reste à Pisang, à s’occuper de son grand-père de 98 ans pendant l’hiver, très rude à cette altitude… Le tout, à 25 ans. Quelle force ! Elle nous impressionne beaucoup.
Jour 7 : Upper Pisang (3310m) – Braka (3450m) par Ghyaru (3730m), 18km
Le lendemain matin, nous nous réveillons, plein d’angoisse… Pourvu que le temps soit meilleur qu’hier !! Un coup d’œil à la fenêtre nous rassure : ouf, il fait un temps magnifique !! Les majestueuses Annapurna, avec Annapurna II face à nous, se dévoilent enfin. La vue est juste incroyable depuis la terrasse.
Nous faisons nos adieux à la famille, cette fois-ci sans faux-départ ! Nous avons eu de la chance de tomber dans un lodge si accueillant pour notre jour de repose forcé.
Nous sommes bien reposés, même si je commence à avoir une petite crevasse douloureuse au talon… Cela ne m’était jamais arrivé jusqu’à maintenant donc, bien sûr, je n’ai rien pour ça ! Je tartine donc mes talons de crème hydratante à chaque pause.
La journée s’annonce assez sportive en terme de dénivelé et généreuse en nombre de kilomètres. La première partie, pour sortir d’Upper Pisang, est de toute beauté.
Puis, rapidement, nous attaquons, une montée de +500m jusqu’à Ghyaru. Cette fois-ci, pas de marches, heureusement ! La montée est rude mais progressive. Les paysages époustouflants, face aux Annapurna II et IV, nous « obligent » à faire de très fréquentes pauses photo… Les bonnes chutes de neige de la veille rendent le paysage encore plus magique. Finalement, c’est très bien qu’il ait fait mauvais temps hier !
Après une heure de montée, nous arrivons à Ghyaru, à peine fatigués. Nous sommes à 3700m. Une petite mamie vend des chaussons aux pommes tout chauds : on en prend deux, même s’ils sont chers pour le Népal (150rs pièce). Et quand on voit qu’elle vend aussi du fromage de yak… On ne résiste pas ! Voici pas mal de mois qu’on n’a pas mangé de vrai fromage !! A 250rs les 100gr, le prix est correct par rapport à ce que nous avons vu ailleurs.
Ghyaru est un petit village très minéral, construit uniquement de maisons de pierres. Quelques vaches aux poils longs nous regardent placidement passer. Au premier abord, le temps semble s’être arrêté. Puis l’on aperçoit les câbles électriques et les toits de tôle bleus des constructions récentes… Nous sommes bien au XXIème siècle.
Nous poursuivons tranquillement vers Ngawal, prochain petit village perché où l’on souhaite manger. Les vues sur les Annapurna sont toujours aussi magnifiques. La végétation se fait plus rare, les montagnes ont l’air saupoudré de sucre glace. On se régale !
A Ngawal, c’est notre estomac qu’on régale. On goûte au thukpa et au thenthuk, deux plats typiquement tibétains, bien nourrissants et réchauffants avec leur bouillon. Pour la première fois, il fait froid même à midi et nous devons manger à l’intérieur !
La suite est moins intéressante. Les jambes commencent à se faire lourdes, on a hâte d’arriver ! A Mungii, on croise notre premier troupeau de yak, en train de paître tranquillement au centre du village. On s’extasie devant les bébés, trop mignons… Mais on reste à distance raisonnable vu la taille des cornes de certains !
Plus que deux kilomètres, une dernière (toute) petite montée… Et on arrive enfin à Braka, ou Bragha, notre objectif du jour ! Nous arrêtons au premier hôtel, le bien nommé New Yak Hotel, pour demander s’ils ont de la place. Oui, et la patronne accepte de nous faire une chambre gratuite (car, si on ne demande pas, on paye 200rs en général). La chambre est géniale : un immense lit double, des murs de bois et de pierre, une grande fenêtre et des toilettes privés. Que demander de mieux !! La salle principale est chaleureuse, avec un poêle qui ronronne en permanence et plein de tables. Il y a foule, ça fait bizarre ! En guise de récompense après cette bonne journée, nous nous offrons un « veg burger », avec burger de légumes et frites. Trop bon !
Et voilà pour notre première semaine de marche… Pour l’instant, cette rando remplit toutes nos promesses. La beauté des paysages du massif des Annapurna va crescendo : que nous réserve la suite ??! Un indice : on ne va pas être déçus 😉
Voici tous les articles de notre blog voyage sur le Népal, où nous avons passé 6 semaines :