Ushuaïa Express : la ruta 3 en stop

Le 26 janvier, nous quittons Puerto Madryn avec un objectif : railler Ushuaïa, à 1800km au sud, en stop. Le stop en Argentine, une première pour nous ! Ça ne parait pas trop difficile : seulement deux routes parcourent la Patagonie du nord au sud. L’une à l’ouest, la ruta 40, qui suit la Cordillère des Andes, et l’autre à l’est, la ruta 3, qui suit la côte. C’est cette dernière qui passe à proximité de Puerto Madryn et que nous allons emprunter.

Première étape : rejoindre la route 3

Premier objectif : trouver un bon spot pour commencer ! Le mieux est de se poster au poste de police, à l’entrée de la ville, devant lequel tout les véhicules doivent passer à vitesse réduite. Nous sommes dans le centre, à 3km, pas facile avec les sacs et la chaleur ! On va donc dans une station-service YPF, où l’on interroge quelques conducteurs sur leur destination. 5min plus tard, mission accomplie, un jeune couple accepte de nous déposer à la sortie de la ville !

De là, objectif nº2, trouver une voiture qui descend vers le sud, au moins jusqu’à Trelew, à 60km. La veille, en rentrant de Punta Tombo, on a repéré une énorme station service YPF sur la ruta 3, qui nous parait très bien placée. Devant le poste de police on sort donc notre pancarte « AL SUR » (vers le sud) et 10min plus tard, une toute petite voiture s’arrête. Ils sont déja 4 jeunes à l’intérieur, avec 1 chien, le coffre est quasi plein avec 2 guitares et des sacs… Mais ils veulent nous avancer. Alors on pousse, on se tasse, la passagère avant prend une guitare avec elle et c’est parti pour 60km de folie ! Les jeunes sont brésiliens et argentins et habitent près de Trelew pour promouvoir une église mêlant Dieu et le surf… On a pas tout compris mais c’était très drôle ! Pas besoin de radio, ils jouent de la guitare et chantent pendant qu’on roule ! Heureusement (c’est pas super confortable…), on arrive vite à la station-service et ils nous y déposent. Photo-souvenir de ce stop inoubliable !

Deuxième étape : trouver le bon camion

On mange un bout et on attaque l’objectif nº3 : la vrai descente vers le sud, en faisant le plus de kilomètres possible. Pour cela, on vise les routiers, qui ont de la place dans leur cabine et traversent le pays (toute la marchandise arrive à Buenos Aires pour être envoyée dans le reste du pays par camion). La station YPF se révèle être un super plan (comme toutes les stations YPF dans lesquelles on s’arrêtera par la suite) ! On demande à un premier conducteur qui nous dit que lui remonte vers le nord mais que son collège, juste à côté, descend vers le sud. Ce dernier, après nous avoir demandé d’où l’on venait, accepte de nous emmener. Et, cerise sur le gâteau, il descend jusqu’à Rio Gallegos, à 1100km, juste avant la Terre de Feu ! Inespéré, à peine 2h après avoir commencé le stop, on a déjà trouvé de quoi faire plus de la moitié du chemin !!!

On monte donc dans son camion et on fait plus ample connaissance. Il s’appelle Luís, la cinquantaine, il vit à Buenos Aires et descend 1 ou 2 fois par mois jusqu’à Rio Gallegos ou la Terre de Feu. Très sympatique, on (enfin surtout Toni) parle beaucoup de l’Argentine, de la vie ici… L’un de nous est assis sur le siège passager, l’autre sur le lit et on alterne à chaque pause. On papote, on lit, on écrit des articles pour rattraper le retard sur le blog et les kilomètres passent. Le paysage ne change pas, c’est assez incroyable. On prend conscience de l’immensité de la Patagonie : pendant tout le long du trajet, il n’y a RIEN. Le paysage ne change pas, toujours de l’herbe jaune à perte de vue…

Luís transporte des légumes et de la viande et veut arriver vite. C’est pour cela qu’il nous a embarqué, on peut le tenir éveillé en lui parlant. On roule donc jusqu’à 5h30 du matin. Toni reste réveillé à l’avant pendant que je dors dans le lit. A 5h30, Luís s’arrête, il est épuisé, il prend un oreiller et s’endort sur le volant. Nous, on inverse, au tour de Toni de bien dormir ! Mais pas pour longtemps, vers 9h on repart. On arrive 2h plus tard à Rio Gallegos, Luis nous dépose dans une station YPF comme d’habitude. C’est le choc, la température s’est énormément refroidie, on sent qu’on se rapproche du pôle !!

Troisième étape : la Terre de feu !

Là, on trouve rapidement une voiture pour nous conduire jusqu’au bateau qui permet de traverser le détroit de Magellan. Un père avec ses deux fils, qui conduit depuis 40h, avec seulement 3h de pause… De la folie ! Il est très fatigué et on est content de ne faire que 2h de route avec lui… Entre Rio Gallegos et le bateau, on passe la frontière chilienne, la première d’une longue série ! Dans le sens Argentine-Chili, les contrôles sont assez sévères, interdiction de passer des fruits, des légumes ou des produits frais.

On arrive donc au détroit de Magellan, qui sépart la Terre de Feu du continent. Le bateau est en fait un bac, qui accoste directement sur la plage. La traversée est rapide, 20min, et nous permet de trouver une autre voiture pour aller jusqu’à Rio Grande. Un couple et leur fils cette fois. A chaque fois les voitures sont bien remplies mais les gens arrivent à nous trouver la place, quitte à ce qu’on garde un sac à dos sur les genoux ! La partie chilienne n’est pas goudronnée, pas très agréable… On repasse à nouveau la frontière, du Chili vers l’Argentine, beaucoup plus rapide car les restrictions d’importation sont beaucoup moins sévères.

Quand on arrive à Rio Grande, il est déjà 21h, ça fait 30h que l’on est partis et on commence à ne plus être très frais… On s’arrête donc dans un hospedaje où la propriétaire, très sympatique, voyant que l’on avait que des pâtes à manger, sans sauce, nous offrira de la tortilla à la bettrave et du poisson pané.
Et le lendemain, on choisira la solution de facilité et on rejoindra Ushuaïa (à 3h de route) en minibus… Heureux d’arriver, après 1800km, 36h de voyage, 4 voitures, 1 camion et 1 minibus !!

Quelques conseils pour faire du stop en Argentine, le long de la ruta 3 :

• c’est plutôt facile (jamais plus de 30min d’attente dans notre cas), il y a beaucoup de trafic, le tout est de bien se placer.
• les contrôles de police sont des points stratégiques pour sortir des villes.
• les stations-service YPF (présentent dans tout le pays, dans chaque village) sont PARFAITES pour faire du stop. Hyper populaires, avec des magasins ouverts 24/24h et beaucoup de conducteurs s’y arrêtent.
• nous avions un panneau « Al sur » qui ne nous a finalement pas beaucoup servi car dans chaque station-service, nous abordions directement les conducteurs des voitures (et cela permet de les choisir…)
• nous ne nous sommes jamais sentis en insécurité, le stop dans le sud de l’Argentine et du Chili est très courant. Nous avons rencontré plusieurs filles le faisant à 2 ou même seules, sans problème !

Voici tous les articles de notre blog voyage sur l‘Argentine, où nous avons passé 4 mois :

• Buenos Aires I
• Tigre et le delta du Río de la Plata
• Buenos Aires II
• Péninsule Valdés et Punta Tumbo : « pinguïnos » en vue !
• Ushuaïa Express : la ruta 3 en stop
• Ushuaïa, « el Fin del Mundo »
• Le géant Perito Moreno
• El Chaltén & Fitz Roy
• La route 40 en stop
• El Bolsón, la ville des hippies
• Bariloche, la Suisse argentine
• Vivre à l’argentine à Mendoza
• Mendoza : notre quotidien
• La majestueuse route des Andes
• Salta et la Quebrada de Humahuaca
• Les chutes d’Iguazú : waouh !
• Iguazú, le paradis des animaux